L’impression d’être mal à l’aise de l’intérieur, à l’intérieur. Comme après la perte d’un proche en fait. Tout continue à tourner mais on est différent. On est à Liège, on prend son petit dej dans la bonne humeur. Mais comme une gêne, à l’intérieur. Le chemin de l’école. Peu de monde en rue (ou bien c’est moi, qui croit que quelque chose à changer). L’impression que tout le monde baisse la tête, mais dès qu’un d’entre nous ouvre la bouche : c’est parti. On n’a plus que les événements en bouche. « Place Saint-Lambert, le point chaud, l’arrêt de bus, les gamins de la voisine, la nièce, les écoles tout près, la panique, les flics qui courent, il y a un tueur, deux, trois, …non quatre, non il était seul, il a déjà tué avant le carnage, il détenait des armes, beaucoup, le bébé, il est mort, ses sœurs sont à l’école, la maman est là, elle vient conduire la petite… » Quel courage. Elle est là, la maman calme et nerveuse, qui accompagne ses autres enfants. Depuis une autre classe, je la vois, avec des enseignantes. Bouches bées, consternées, on ne sait que faire, la tête dans les décorations de Noël. Comme l’écrit Kroll : « Liège dorénavant aura peur des fêtes. »
Enfin, j’espère que non. J’ai envie de descendre en ville en courant après mes filles, de retraverser cette fameuse place Saint-Lambert, insouciante. D’aller boire des coups au marché de Noël…
Mais avant ça, faudra digérer. Cela me semble normal que nous soyons tous émus, perturbés, choqués. Il faudra un peu de temps.
Demain est un autre jour. Liège se relève.